dimanche 28 décembre 2014

Pino Creanza. Cairo blues.

Résumé
De 2008 à 2011, Pino Creanza a séjourné à plusieurs reprises au Caire. À force de rencontres, Creanza tombe sous le charme du Caire. Fasciné par la capitale égyptienne ainsi que par son cosmopolitisme et sa vitalité, il en tire chaque fois ce qu’il appelle des cartes postales, courtes bandes dessinées faites de tranches de vie, de faits divers, de fragments d’histoire et de paysages urbains. Les mosquées, le nilomètre de Rodah, la ville des éboueurs… mais aussi les manifestations de la Place Tahrir, l’affaire Talaat Moustafa, l’activisme des blogueurs, la chute de Moubarak (Rackham, 2014).

Présentation
Pino Creanza est ingénieur de profession, mais s'intéresse à la bande dessinée et à l'écriture, à l'illustration ainsi qu'aux arts visuels en général. Il publie des histoires courtes et des illustrations pour Frigidaire, World Mongo, Dynamite et Il Manifesto. Il est également possible de lire quelques-unes de ses strips sur son blogue (Bédéthèque, 2014).

Appréciation
Très observateur, l'auteur nous dépeint ce qu'il voit, mais il accorde également une grande importance à ses échanges avec les résidents. En effet, en plus de nous dresser un portrait précis du Caire, miroir des tensions connues par la société égyptienne qui ont conduit à la révolution du 25 janvier, Creanza met de l'avant ses interlocuteurs et leurs différentes réalités. Creanza fait de la bande dessinée reportage un peu à l'instar de Joe Sacco ou de Guy Delisle. «Il raconte et met en contexte les événements, s'entretient avec différents acteurs et témoigne de l'effervescence et des dangers que l'agitation politique génère» (Bédéthèque, 2014). Bien que cette BD reportage soit un peu éclatée, elle rend bien l'énergie et la tension qui animent Le Caire alors. L'auteur consigne avec soin ce qui change dans la ville tout comme ce qui semble immuable, nous livrant un témoignage précieux pour comprendre non seulement les événements qui se sont déroulés ces dernières années en Égypte, mais aussi ce qui est en train de s’y produire aujourd’hui (Rackham, 2014).

samedi 27 décembre 2014

Jérémy Le Corvaisier. Fastermarket.


Résumé
Une femme est égorgée près du Fastermarket, le magasin d'alimentation à grande surface d'un petit village sans histoires. Le Chef de la police et son adjoint enquêtent mais sans conviction, ils ont mieux à faire. Quant aux employés du supermarché, ils n'ont ni le temps ni l'envie de s'émouvoir. Le commerce n'attend pas. A chacun sa vie, ses problèmes et ses vices. Mais les meurtres s'enchaînent et tout le monde devient rapidement suspect (BD fugue, 2014).

Présentation
Né à Saint-Brieuc en 1981, Jérémy Le Corvaisier obtient quelques années plus tard un BAC Arts Appliqués, passe par les Beaux Arts de Rennes puis par un BTS stylisme de mode à Nîmes. À la recherche d'un projet professionnel audacieux, Jérémy se lance dans la broderie de coussins, dans la vidéo puis il collabore avec la compagnie de théâtre Le Joli Collectif pour laquelle il réalise des captations de pièces, des bandes annonces et des photos. En dépit de ses efforts, Jérémy a toujours de la difficulté à joindre les deux bouts. Il décide donc de suivre une formation d'hôte de caisse. Le diplôme en poche, il enchaîne les postes dans tous les types de supermarchés (cash and carry, spécialiste du surgelé, cinéma multiplex...). Plein aux as, Jérémy s'enfuit un temps au Canada pour finalement revenir s'échouer dans sa ville natale. Fatigué de tout, il décide de reprendre les fondamentaux et s'attelle au dessin. Il produit de façon frénétique et rapidement coopère avec le magazine Les Inrockuptibles pour qui il illustre plusieurs articles. Désireux d'un retour à la narration, Jérémy s'inspire de ses expériences dans la grande distribution pour réaliser sa première bande dessinée FastermarketAujourd'hui Jérémy vit et travaille à Rennes (Les Enfants rouges, 2014).

Appréciation
J'ai adoré l'univers sordide de Fastermarket. Empreinte de cynisme et de dérision, cette bande dessinée vous plonge dès le début dans une ambiance glauque et absurde. Le Corvaisier jette un regard dur sur la réalité des habitants de ce petit village anonyme qui, plus médiocres les uns que les autres, sont dépeints avec une forte dose de sarcasme. L'enquête policière n'est qu'un prétexte pour nous faire ressentir le désarroi de chaque personnage face à son quotidien et sa réalité méprisable. Proposés dans un format à l'italienne qui donne un rythme intéressant à l'oeuvre, les illustrations colorées et précises ainsi que le trait cerné nous renvoient une image crue de ce milieu. Bref, il s'agit d'un album fort intéressant, original et franc. Il me tarde de lire le dernier opus de l'auteur, Gros bois!

dimanche 9 novembre 2014

Joseph Lambert. Annie Sullivan & Helen Keller.

Résumé
« Je sais que l’éducation de cette enfant sera le principal événement de ma vie ». Celle qui prononce ces mots, Annie Sullivan, revient de loin. Malvoyante, elle passe ses premières années dans l’hospice de Tewksbury, tristement réputé pour son insalubrité et les conditions de vie déplorables qui y règnent, avant d’être envoyée à l’Institut Perkins, spécialisé pour les aveugles. Monsieur Anagnos, le directeur de l’établissement, se laisse séduire par le caractère entier et colérique de la jeune fille et aussi, et surtout, par sa vivacité d’esprit. Quelques années plus tard, alors qu’elle maîtrise avec brio la langue des signes, il l’envoie dans l’Alabama pour s’occuper d’Helen, une enfant de 6 ans, aveugle et sourde. C’est cette rencontre que narre l’auteur, Joseph Lambert, dans Annie Sullivan & Helen Keller (Bédéthèque, 2013).

Présentation
Joseph Lambert est né au Kansas en 1984. Il est diplômé du Center for Cartoon Studies en 2008. Sa première bande dessinée, Je vais te mordre, remporte le Ignatz Award en 2011. Il a ensuite participé à de nombreuses anthologies, comme MomeThe Best American ComicsHey!Nobrow et Stripburger. Ses bandes dessinées et ses illustrations ont été publiées sur des supports aussi divers que Business Week, Popular Mechanics ou The Best American Comics. Son deuxième ouvrage, Annie Sullivan & Helen Keller, deux fois nominé pour les Eisner Awards 2013 a été publié en 2012 aux États-Unis (Bédéthèque, 2013). 

Appréciation
C'est une histoire touchante, racontée sans pour autant tomber dans le sentimentalisme. Les deux personnages principaux ayant une personnalité très forte, un registre plus convenu n'aurait pas rendu justice à leur histoire. Annie Sullivan peut en effet se montrer froide et sévère tandis que Helen elle, est indisciplinée et têtue. À son arrivée, Annie Sullivan constate rapidement que Helen n'a aucune base lui permettant de communiquer avec les autres et qu'elle a donc peu de contact avec l'extérieur. Sa famille entretient cette situation en permettant à Helen de faire ce qui lui plaît et en cédant à ses moindres désirs. Annie Sullivan va vivement s'opposer à cette logique et, à force de volonté, fera comprendre à la famille de Helene que ce n'est qu'avec beaucoup d'efforts et de discipline que cette dernière arrivera à améliorer son sort. De leur relation au départ conflictuelle et difficile naît une amitié empreinte de respect, d'affection et de complicité. Un autre aspect fort intéressant de l'oeuvre de Joseph Lambert est la qualité des illustrations. Ces dernières permettent de suivre la progression d'Helen dans sa découverte de l'environnement qui l'entoure. 

samedi 25 octobre 2014

Alfred. Je mourrai pas gibier.

Résumé
« Mortagne, c'est mille deux cent dix-neuf habitants. Mortagne, c'est du bois et de la vigne, les deux seules ressources qui alimentent les deux seules entreprises de la commune : Le Château Clément et la Scierie Listrac. Travailler pour Monsieur Clément revient à haïr ceux qui travaillent pour Monsieur Listrac, et inversement. La haine fouette les murs de Mortagne et c'est comme ça depuis toujours. Martial a préféré fuir ces querelles de clochers » (Delcourt, 2009). Il étudie la mécanique et loge dans un pensionnat. Le jour où le mariage de son frère le force à revenir sur les lieux de son enfance, il ne peut supporter de voir une fois de plus Frédo, le contremaître de la scierie, se servir de Terence, le simple d'esprit du quartier, comme exutoire à sa violence. Dans un accès de folie, il lui fracasse la tête avant de tuer plusieurs membres de sa famille, dont son frère.

Présentation
Lionel Papagalli dit Alfred est un artiste autodidacte. Il commence par publier dans des fanzines avant de créer avec des amis Scalp, le fanzine qui décoiffe. Alfred publie aux Éditions Delcourt dès 1997. En l'an 2000, il rencontre David Chauvel qui lui propose une série jeunesse, Octave. Depuis, ils collaborent régulièrement sur des ouvrages collectifs comme Paroles sans Papiers (2007) ou Premières Fois (2008). En 2004, il réalise son vieux rêve : adapter Café panique, le roman de Roland Topor. En 2005, il débute la série Le Désespoir du singe sur un scénario de Jean-Philippe Peyraud, et réalise Pourquoi j'ai tué Pierre avec Olivier Ka, qui recevra le Prix du Public et un Prix Essentiel à Angoulême en 2007. En janvier 2009, il publie Je mourrai pas gibier, une adaptation du roman de Guillaume Guéraud. Il s'installe ensuite à Venise. Durant cette période, il illustre plusieurs albums jeunesse et commence à travailler à l'écriture de Come Prima. Il reçoit le prestigieux Fauve d'Or pour cette oeuvre au Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême 2014 (Delcourt, 2009).


Appréciation
J'ai apprécié la lecture de Je mourrai pas gibier. L'atmosphère toxique de ces petits villages où les préjugés conduisent à la violence est parfaitement rendue, tant par le récit que par les illustrations. Une grande agressivité, une certaine jalousie et peu de détermination habitent les villageois de Mortagne. L'appartenance à l'industrie du bois ou à celui de la vigne régit l'ensemble des relations sociales de ce petit village où les gens se complaisent dans cet univers rempli de préjugés évoluant en vase clos. Si cet album semble à première vue brusque et dur, j'y ai également retrouvé une certaine sensibilité grâce au personnage de Martial qui s'attache à Terence, le simplet du village. Le personnage de Martial est complexe et difficile à cerner. Ce dernier éprouve tantôt de l'empathie et de l'affection pour Terence, mais n'hésite pas à assassiner plusieurs personnes dont certains membres de sa famille. L'absence de remords est également un élément intéressant du personnage. Bref, je mourrai pas gibier, c'est l'histoire d'un jeune homme qui, bien qu'il ait choisi de s'éloigner du milieu où il a grandi, finit par répondre à la violence par la violence.    

samedi 11 octobre 2014

Julie Maroh. Le bleu est une couleur chaude.


Résumé
La vie de Clémentine bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune fille aux cheveux bleus qui lui fait découvrir toutes les facettes du désir et va lui permettre d'affronter enfin le regard des autres (Glenat BD, 2014).

Présentation
Julie Maroh est une auteure de bande dessinée française. Le Bleu est une couleur chaude, son premier album, est publié en 2010. Dès l'année suivante, la qualité de cet ouvrage est soulignée au festival d'Angoulême en remportant le prix du public. L'oeuvre fait ensuite l'objet d'une adaptation libre au cinéma par Abdellatif Kechiche. La vie d'Adèle remporte la Palme d'or au festival de Cannes 2013. À l'automne 2013, Julie Maroh publie son deuxième album, Skandalon. Cette bande dessinée relate l'histoire d'un jeune chanteur rock populaire au comportement autodestructeur (Glenat BD, 2014).

Appréciation
Le bleu est une couleur chaude est définitivement l'une des plus belles oeuvres qu'il m'ait été donné de lire. C'est un récit passionné sur le thème de l'homosexualité féminine, sur l'acceptation de l'homosexualité dans la société actuelle mais surtout, sur la découverte de l'amour à l'adolescence. Cette histoire d'amour est dépeinte avec franchise et intelligence. Une profonde sensibilité ainsi qu'une certaine sensualité se dégagent des planches de Julie Maroh. « Il faut du doigté et une grande intelligence du coeur pour raconter un amour naissant, qui plus est encore adolescent, sans verser dans le romantisme guimauve. Julie Maroh a réussi ce rare tour de force, tant au plan du texte que du dessin. Ce qui contribue à donner de la couleur au récit, c'est bien sûr que cet amour ne va pas de soi pour la jeune Clémentine. Une fille, ce n'est pas supposé aimer les... filles. L'adolescente a donc tout un tsunami émotif à gérer: la découverte de son homosexualité, sa lutte contre elle-même, contre les préjugés, son jeu de séduction avec cette Emma qui l'intrigue, l'enflamme et la garde à distance» (La presse, 2013). Bref, c'est le genre de bande dessinée qu'on ne peut déposer avant de l'avoir terminé.

vendredi 10 octobre 2014

Bruce Mutard. Le silence.

Résumé
Choosy McBride travaille pour une galerie d’art contemporain de Sydney. Ancienne juriste, elle voit le monde de l’art comme un marché lié au jeu de l’offre et la demande. Son compagnon, Dmitri, peintre en pleine crise artistique, est lui désabusé par l’emprise de l’argent sur la création. Après une visite chez un riche collectionneur, Choosy tombe sur une toile qui l’impressionne, mais la peinture n’est pas signée, et personne ne connaît son auteur. Bien décidée à trouver cette perle rare et à en tirer le plus grand profit possible, elle décide de partir à sa recherche, entraînant Dmitri avec elle au fin fond du Northern Queensland, une région peu peuplée du nord-est de l’Australie. De fil en aiguille, ils trouvent une ancienne église où sont exposées des toiles du mystérieux artiste, laissées à la disposition de ceux qui souhaitent se les approprier. La volonté du peintre de rester inconnu enrage Choosy et trouble profondément Dmitri. Leurs différences de points de vues vont s’accentuer au fur et à mesure que la quête avance (Éditions Çà et Là, 2013).

Présentation

Né à Melbourne en 1967, Bruce Mutard a commencé des études d’ingénieur avant de bifurquer vers le design au Swinburne Institute of Technology. Il est dessinateur de bandes dessinées depuis plus de vingt ans. Il a entre autres publié The Bunker, The Sacrifice, The Silence et A Mind of Love. Il collabore fréquemment avec des magazines australiens et il a illustré plusieurs livres pédagogiques pour la série Australia’s History de Macmillan Education (Éditions Çà et Là, 2013).

Appréciation
Avec Le Silence, Bruce Mutard réussit le tour de force d’écrire un thriller artistique, où les personnages principaux sont à la recherche d'un mystérieux peintre qui offre gratuitement ses oeuvres. L'oeuvre aborde en même temps les thèmes du rôle de l’art et des motivations de la création artistique (Éditions Çà et Là, 2013). Bien que le sujet de cette bande dessinée me semble des plus intéressants, le rythme est toutefois assez lent et le suspense, plus ou moins soutenu. 

dimanche 23 mars 2014

Pedro Riera et Nacho Casanova. La voiture d'Intisar; portrait d'une femme moderne au Yémen.

Résumé
À l'âge de 6 ans, Intisar a soudain réalisé que les garçons pouvaient faire beaucoup plus de choses que les filles, et ça ne lui a pas plu du tout. Elle voulait avoir la même liberté qu'eux. Après avoir longuement retourné le problème, une idée lui est venue : si elle parlait comme un garçon, si elle marchait comme un garçon, bref, si elle faisait tout comme un garçon, elle finirait par devenir un garçon. Un plan qui a parfaitement fonctionné - jusqu'au moment de la puberté. Intisar a maintenant 27 ans. Elle continue à recourir aux stratagèmes les plus variés pour gagner ces petits espaces de liberté qui lui permettent de se sentir bien (Babelio.com, 2012).

Présentation
La voiture d'Intisar est la première bande dessinée de Pedro Riera. « Diplômé en sciences de l'information, Pedro Riera, écrivain et scénariste de La voiture d'Intisar a passé un an avec sa femme Aliénor Benoist au Yemen. Ensemble ou séparément, ils ont mené une quarantaine d'entretiens avec des femmes yéménites. Intisar n'existe pas. Mais elle leur ressemble beaucoup » (France Info, 2013). L'illustrateur Nacho Casanova n'en est pas, de son côté, à un premier ouvrage. Il a contribué à plusieurs mangas en plus d'avoir récemment publié Pornographiques, un ouvrage empreint d'érotisme salué par la critique. La voiture d'Intisar a remporté en janvier 2013 le Prix France Info de la BD d'actualité et de reportage (France Info, 2013).

Appréciation
« Alors qu'elle roule sans but dans les rues de Sanaa, en écoutant de la musique au volant de sa Corolla 84, Intisar nous fait partager ses réflexions ou nous raconte des moments de sa vie. Ce sont des histoires surprenantes, drôles, émouvantes, parfois dramatiques, qui nous permettent de découvrir ce monde impénétrable des femmes du Yémen, tout en nous plongeant petit à petit dans la complexe réalité du pays » (Babelio.com, 2012). Je me suis rapidement attachée à ce personnage fictif qui, par de petits gestes qui nous sembleraient banals dans un pays comme le nôtre, tente de recouvrir un peu de cette liberté réservée aux hommes. Elle fume, elle prend des cafés dans des endroits «peu fréquentables» pour une femme, elle se bat pour conserver son poste de médecin et surtout, elle conduit. J'ai également été surprise de découvrir à quel point dans ce récit le voile permet à la femme une certaine liberté. Intisar se sent plus libre, plus humaine lorsqu'elle porte le niqab, entre autres parce que cela lui permet un certain anonymat. Malgré le sujet sérieux de ce reportage, on se surprend à sourire suite aux réflexions tantôt acerbes tantôt comiques, mais toujours justes du personnage principal. Enfin, bien que le dessin soit, à mes yeux, un peu ordinaire, la qualité de cette bande dessinée reportage est sans conteste. Je la recommande donc fortement. 

Jimmy Beaulieu. Non-aventures.



Résumé
À l’occasion de la relance de Mécanique Générale, le nouveau directeur de la collection Renaud Plante a proposé à son prédécesseur Jimmy Beaulieu d’éditer une intégrale de son œuvre autobiographique. Non content de regrouper l’essentiel de Quelques pelures et du Morale des troupes, le recueil Non-aventures : planches à la première personne offre en annexe une troisième partie, intitulée Le roi cafard, dans laquelle l’auteur revient sur la période s’étendant de 2005 à 2013.  (Librairie Monet, 2013).

Présentation
Jimmy Beaulieu est né à l’île d’Orléans en 1974. Il est l'auteur de plusieurs bandes dessinées dont Le moral des troupes, qui a remporté le Prix Réal-Fillion (Prix Bédéis Causa) en 2005, Quelques pelures, À la faveur de la nuit, Comédie sentimentale pornographique et Le temps des siestes. Pendant dix ans, Beaulieu s'est également consacré au domaine de l'édition chez Mécanique générale, Strips (Les 400 coups) et Colosse, sa propre étiquette. Depuis 2009, Beaulieu a laissé de côté l'édition pour s'adonner entièrement à sa pratique d'auteur. Sa plus récente publication, Non-aventures, comprend des planches tirées de Quelques pelures et du Morale des troupes, mais également une troisième partie inédite « qui vient clore ce cycle d’habile manière en permettant au lecteur de cerner peut-être un peu mieux l’intention derrière ce projet singulier, qui compte sans contredit parmi les plus ambitieux et les plus accomplis de la bande dessinée québécoise des quinze dernières années » (Librairie Monet, 2013).

Appréciation
Grande admiratrice du travail de Jimmy Beaulieu, je ne peux que saluer cette oeuvre! Il s'agit d'une très « belle série de planches à la première personne donc, que nous offre l’auteur. Regard introspectif sur la vie, sur l’amour, sur la pratique BD… L’heure des choix. Les joies et les tristesses. Les angoisses et les plaisirs » (Voir, 2013). L'ajout d'une troisième partie traitant des années 2005-2013, Le roi cafard, permet de bien clore ce cycle autobiographique. Ponctuée de réflexions tantôt hilarantes tantôt profondes sur la bande dessinée, la vie, la société et l'obsession de l'auteur pour la femme, intitulées «À quoi bon?», cette partie se clôt sur une superbe série de planches intitulée Fin du projet autobiographique. Bref, c'est du Jimmy Beaulieu à son meilleur. « De l’autobiographique, mais du bon, maîtrisé, rythmé; le genre d’autobiographique qui permet au lecteur de plonger, plein pied, dans l’intimité de l’auteur, de profiter de ce regard privilégié pour nourrir sa propre réflexion » (Voir, 2013). Que vous connaissiez bien le travail de Beaulieu ou non, Non-aventures est définitivement un ouvrage incontournable du travail autobiographique et de la bande dessinée québécoise.