dimanche 23 mars 2014

Pedro Riera et Nacho Casanova. La voiture d'Intisar; portrait d'une femme moderne au Yémen.

Résumé
À l'âge de 6 ans, Intisar a soudain réalisé que les garçons pouvaient faire beaucoup plus de choses que les filles, et ça ne lui a pas plu du tout. Elle voulait avoir la même liberté qu'eux. Après avoir longuement retourné le problème, une idée lui est venue : si elle parlait comme un garçon, si elle marchait comme un garçon, bref, si elle faisait tout comme un garçon, elle finirait par devenir un garçon. Un plan qui a parfaitement fonctionné - jusqu'au moment de la puberté. Intisar a maintenant 27 ans. Elle continue à recourir aux stratagèmes les plus variés pour gagner ces petits espaces de liberté qui lui permettent de se sentir bien (Babelio.com, 2012).

Présentation
La voiture d'Intisar est la première bande dessinée de Pedro Riera. « Diplômé en sciences de l'information, Pedro Riera, écrivain et scénariste de La voiture d'Intisar a passé un an avec sa femme Aliénor Benoist au Yemen. Ensemble ou séparément, ils ont mené une quarantaine d'entretiens avec des femmes yéménites. Intisar n'existe pas. Mais elle leur ressemble beaucoup » (France Info, 2013). L'illustrateur Nacho Casanova n'en est pas, de son côté, à un premier ouvrage. Il a contribué à plusieurs mangas en plus d'avoir récemment publié Pornographiques, un ouvrage empreint d'érotisme salué par la critique. La voiture d'Intisar a remporté en janvier 2013 le Prix France Info de la BD d'actualité et de reportage (France Info, 2013).

Appréciation
« Alors qu'elle roule sans but dans les rues de Sanaa, en écoutant de la musique au volant de sa Corolla 84, Intisar nous fait partager ses réflexions ou nous raconte des moments de sa vie. Ce sont des histoires surprenantes, drôles, émouvantes, parfois dramatiques, qui nous permettent de découvrir ce monde impénétrable des femmes du Yémen, tout en nous plongeant petit à petit dans la complexe réalité du pays » (Babelio.com, 2012). Je me suis rapidement attachée à ce personnage fictif qui, par de petits gestes qui nous sembleraient banals dans un pays comme le nôtre, tente de recouvrir un peu de cette liberté réservée aux hommes. Elle fume, elle prend des cafés dans des endroits «peu fréquentables» pour une femme, elle se bat pour conserver son poste de médecin et surtout, elle conduit. J'ai également été surprise de découvrir à quel point dans ce récit le voile permet à la femme une certaine liberté. Intisar se sent plus libre, plus humaine lorsqu'elle porte le niqab, entre autres parce que cela lui permet un certain anonymat. Malgré le sujet sérieux de ce reportage, on se surprend à sourire suite aux réflexions tantôt acerbes tantôt comiques, mais toujours justes du personnage principal. Enfin, bien que le dessin soit, à mes yeux, un peu ordinaire, la qualité de cette bande dessinée reportage est sans conteste. Je la recommande donc fortement. 

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