vendredi 20 décembre 2013

Michel Falardeau. French Kiss 1986.

Résumé
French Kiss 1986, c’est l’histoire d’un été, raconté par un père, Étienne Chouinard, à ses enfants très curieux de savoir comment leurs parents se sont rencontrés. Une saison riche, chargée. Amours et trahisons. Peines et plaisirs. Tout ça, le temps d’une guerre de quelques semaines, qui oppose, à la façon de La guerre des tuques, deux groupes d’enfants. Un conflit à saveur de piraterie entre le clan de l'oeil noir et celui du clan des rouges-gorges (Voir, 2012).

Présentation
Michel Falardeau a suivi une formation en dessin animé au Cégep de Sainte-Foy puis à Rivière-du-loup. Après avoir travaillé pour une boîte de jeux vidéo pendant quelques années, il décide de se réorienter vers la bande dessinée. Il publie Mertownville puis Luck pour lequel il reçoit le prix Albéric-Bourgeois en 2011. Il contribue également au collectif du concours BD Hachette 2012, Amuse-geules, avec un récit fort savoureux, Le coeur aux burgers (Amuse-gueules, 2013). Enfin, il publie French Kiss 1986 qui lui vaut le prix Bédéis causa en 2013 puis une mention du comité de lecture des prix Bédélys en 2012.

Appréciation
Après avoir lu French Kiss 1986, on ne peut s'étonner des prix et mentions remportés par cette bande dessinée. Drôle et sensible, avec juste ce qu'il faut de cynisme et de naïveté, cette oeuvre est définitivement réussie! Le scénario de French Kiss 1986 en fait de plus un ouvrage très accessible. « French Kiss 1986 stimule notre fibre nostalgique, mais cela, jamais au détriment de l’histoire. Rien de gratuit. Ou d’inutile. Le scénario de Michel Falardeau, tout comme son trait, est efficace, dynamique, rythmé » (Voir, 2012).

samedi 14 décembre 2013

Jean Dufaux et Jose Luis Munuera. Sortilèges. Cycle 1.



Résumé
À la mort de son père, Blanche devient la reine d'Entremonde alors qu'une guerre est imminente. Elle doit quitter son amoureux car de plus grandes responsabilités l'attendent. Ce dernier, furieux d'avoir été ainsi éconduit, fait appel aux démons pour se venger. De plus, la mère et le frère de Blanche cherchent à la tuer. Mais le prince du monde d'En Bas, Maldoror, rencontre Blanche et tombe sous son charme.

Présentation
Ce premier tome de Sortilèges est signé par Jean Dufaux et José Luis Munuera. Jean Dufaux est l'auteur d‘une oeuvre impressionnante comprenant près de 200 titres. Le monde de Jean Dufaux s'orchestre autour de quelques thèmes récurrents qui structurent ses récits : le pouvoir et la folie, la solitude et ses miroirs, les égarements du temps, les blessures du passé. Jean Dufaux a reçu de nombreux prix dont le prix Calibre 38 pour Hammett et le prix de la Société des gens de lettres ainsi que le prix Cheverny pour Murena (Dargaud, 2013). 

Munuera collabore quant à lui avec Joann Sfar aux Aventures de Merlin puis avec Jean-David Morvan. Enfin, il coécrit le Le Signe de lune avec son ami Enrique Bonet. C'est avec cette oeuvre qu'il atteint une réelle maturité et reçoit un accueil favorable de la part de la critique et du public. Il poursuit les collaborations fructueuses et publie les séries Sortilèges, scénario de Jean Dufaux, et Fraternity, scénario de Juan Diaz Canales (Dargaud, 2013).

Appréciation
J'ai adoré cet univers fantastique. J'ai également apprécié la puissance des personnages féminins dans cet univers inspiré du Moyen Âge. Elles sont fortes, courageuses, ambitieuses, bref autant de traits de caractère trop souvent réservés aux hommes. Les illustrations sont riches et colorées, parfois sensuelles. J'ai déjà bien hâte de dévorer le second tome de ce diptyque!

mardi 3 décembre 2013

Samuel Figuière et Nicolaï Pinheiro. La maison à vapeur.

Résumé
L'histoire se passe en Inde, peu de temps après la Révolte des Cipayes dont le souvenir est à l'origine de l'intrigue. Edward Munro est un colonel de l'armée britannique en retraite resté vivre en Inde malgré la mort de sa femme lors des massacres perpétrés à Cawnpore pendant la révolte menée par Nana Sahib. Ce dernier, supposé mort, travaille en fait à susciter une nouvelle révolte. Un ami de Munro, ingénieur en chemins de fer, lui propose un voyage d'agrément à bord de son extraordinaire véhicule à vapeur, un gigantesque éléphant à vapeur (Librairie Pantoute, 2013).  

Présentation
Le scénario de cette bande dessinée est écrit par Samuel Figuière d'après le roman de Jules Verne. C'est en 1880 que Jules Verne écrit La maison à vapeur. Paru tout d'abord en feuilleton dans le Magasin d'Éducation et de Récréation puis sous forme de roman, La maison à vapeur est l'un des nombreux titres faisant partie des Voyages Extraordinaires du grand écrivain français. Le scénariste de cette adaptation, Samuel Figuière, est également l'auteur de Chamans et de Terre des Ogres, paru respectivement en 2012 et 2011. Les illustrations sont quant à elle de Nicolaï Pinheiro, auteur et illustrateur de la bande dessinée Venise paru en 2012.

Appréciation
Étant une grande admiratrice de Jules Verne, j'ai craint d'être déçue par la lecture de cette adaptation en bande dessinée. Néanmoins, je n'ai pu qu'apprécier l'univers créé par Figuière et Pinheiro. Cet univers est exotique, sans toutefois tomber dans le cliché. Les tensions politiques et ethniques y sont des plus palpables pourtant, une certaine ambiance bon enfant semble régner autour du groupe de Britanniques qui montent à bord de la maison à vapeur à destination de l'Inde du Nord. Enfin, j'ai adoré les illustrations de Pinheiro, à la fois colorées et graves, détaillées et fluides. Elles m'ont semblé très fidèles au roman de Jules Verne et en ce sens, m'ont rappelé les images que j'avais en tête lors de ma première lecture de l'histoire tirée des Voyages Extraordinaires il y a de cela plusieurs années.

lundi 7 octobre 2013

Wilfrid Lupano et Jérémie Moreau. Le singe de Hartlepool.

Résumé
Cette bande dessinée évoque la légende, datant de l'ère napoléonienne, selon laquelle un chimpanzé, seul survivant d'un naufrage au large des côtes de l'Angleterre, fut arrêté, trainé en justice, accusé d'espionnage et finalement pendu par les habitants de Hartlepool. Personne ne sachant à l'époque à quoi ressemblait un français, on aurait pris le chimpanzé pour un espion français.

Présentation
Auteur de plusieurs bandes dessinées chez Delcourt, entre autres Sarkozix et L'homme qui n'aimait pas les armes à feu, Wilfrid Lupano a fait appel aux talents de dessinateur de Moreau pour illustrer cette légende issue de l'éternel antagonisme franco-britannique; le singe de Hartlepool. Ayant entendu parler de cette légende par un ami britannique, Lupano a décidé d'effectuer quelques recherches sur la question. Or, hormis quelques chansons de navires ou gravures, aucune trace historique de cette soi-disant épopée ne subsiste (20minutes.fr, 2012). Lupano s'est donc basé sur ce que véhicule cette légende pour créer les personnages; le pouvoir, la revanche, la peur et l'ignorance. Et tout porte à croire qu'il a vu juste, car Le singe de Hartlepool a remporté 24e Prix des Libraires de Bande Dessinée en France.
 
Appréciation
J'ai beaucoup apprécié cette bande dessinée. La façon dont l'antagonisme franco-britannique est abordé, en mettant l'emphase sur la méconnaissance de l'autre et le nationalisme exacerbé dont il était porteur, est intéressante. L'auteur a d'ailleurs voulu «aborder l'histoire comme une fable, drôle mais cruelle, dans laquelle aucune forme de racisme et de discrimination n'est épargnée. Au détour de l'histoire du singe, on parle aussi de racisme ethnique, d'esclavage, de sexisme, de haine du village voisin, du croyant d'en face etc.» (20minutes.fr, 2012). J'ai apprécié qu'un sujet aussi sérieux que le nationalisme, sujet qui est d'ailleurs toujours d'actualité, soit abordé à l'aide d'une légende un peu loufoque, remplie de dialogues plus comiques les uns que les autres. Autre fait intéressant, les enfants sont mis au premier plan dans cette version de la légende du singe de Hartlepool. L'auteur l'explique de la manière suivante: «Il m'a semblé important de parler du rôle des enfants, car ils sont la chair à canon des nationalismes de demain - la réserve de viande, élevée dans cet objectif - et donc concernés au premier chef» (20minutes.fr, 2012). Bref, il s'agit d'une bande dessinée «désopilante qui se défend bien de prendre parti entre les anglais et les français, mais se contente plutôt - avec brio - de montrer la nature humaine telle qu’elle est, l’esprit parfois un peu obtus, la gâchette de la suspicion rapidement enclenchée» (Le Libraire, 2013)

mercredi 4 septembre 2013

Barbara Canepa et Anna Merli. End, tome 1: Elisabeth.

Résumé
«Si le monde autour de vous jamais ne changeait. Si le murmure du vent et le balbutiement de la pluie indéfiniment se répétaient. Si le silence souverain régnait jusqu'à ce que l'invisible finisse par vous appartenir... Tel est mon univers. Un monde où la berceuse du temps a cessé sa complainte. Un monde anémié où les âmes perdues trouvent enfin la paix dans leurs mausolées solennels et sans âges. Je suis âgée de 13 ans. Mon nom est Elisabeth. Mes cheveux sont blancs comme la vie. Mourir est votre seule chance de me rencontrer» (Rue des libraires, 2012). Avec ses amis Ulysse et Napoléon, Elisabeth est coincée dans un monde parallèle dirigé par les éphémères où tout contact avec l'extérieur lui est strictement interdit. À son ancien pensionnat, ses amis et sa soeur ont de la difficulté à croire à la mort soudaine d'Elisabeth et font tout en leur pouvoir pour la retrouver. Réussiront-elles à se rencontrer?

Présentation
Barbara Canepa a mijoté longtemps cette histoire avant de se lancer dans cette série. Canepa a également participé à la célèbre série Monster Allergy et a créé, aux côtés d'Alessandro Barbucci, la série Sky Doll. D'ailleurs, on retrouve «la partie religieuse et politique, assez noire, les intrigues, mais aussi l'atmosphère mélancolique» (Mademoiselle.com, 2012) de Sky Doll dans ce premier tome de la série End. Anna Merli est illustratrice depuis plusieurs années pour Disney et d'autres éditeurs. Lors d'une rencontre en 2003 où Barbara Canepa a la chance de voir les dessins d'Anna Merli, Canepa demande immédiatement à l'illustratrice de se joindre à elle pour donner vie au scénario de End

Appréciation
Personnellement, j'ai adoré l'univers de End. Les illustrations mais également les échanges entre les personnages sont empreints d'un fort mystère qui garde le lecteur en haleine du début à la fin. Pendant la lecture de ce premier tome et surtout après l'avoir terminée, j'ai regretté que le deuxième tome ne soit pas déjà publié afin que je puisse poursuivre mon voyage dans cet univers étrange qu'est celui d'Elisabeth, Dorothea, Nora et les autres. Le suspense est bien présent dans cette magnifique bande dessinée. Les illustrations et l'univers des jeunes pensionnaires laissent d'ailleurs l'impression que l'on se trouve en Angleterre, en pleine époque victorienne. Regorgeant de détails et de fantaisie, se rapprochant parfois du manga, les illustrations sont tout simplement sublimes. Les dialogues sont quant à eux brefs, mystérieux, mais aussi poétiques. Une bande dessinée à découvrir absolument!
la partie religieuse et politique, assez noire, les intrigues, mais aussi l’atmosphère mélancolique - See more at: http://livres.madmoizelle.com/diaporamas/end-de-barbara-canepa-et-anna-merli-interview-fleuve/#sthash.tFKdvgCA.dpuf
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samedi 3 août 2013

Jisue Shin. 3 grammes.

Résumé
Récit autobiographique particulièrement touchant, 3 Grammes raconte la lutte de l’auteure contre un cancer de l’ovaire, diagnostiqué alors qu’elle n’a que vingt-six ans. Passé le choc du diagnostic, qui suscite nombre d’interrogations chez une toute jeune fille, commencent les pénibles étapes du traitement, opération, chimiothérapie… (Éditions Cambourakis, 2012)

Présentation
Jisue Shin, d'origine coréenne, a étudié l’art à l’Université nationale de Séoul puis le design et l'illustration à l’Université de Brighton. On lui diagnostique un cancer de l'ovaire alors qu'elle n'est âgée que de vingt-six ans. Cette épreuve la conduira à publier sa première bande dessinée, 3 Grammes, à l'intérieur de laquelle elle dépeint ce passage difficile. Jisue Shin est aujourd’hui illustratrice en littérature jeunesse.

Appréciation
Sincère et sans prétention, cette bande dessinée relate avec simplicité cette difficile épreuve traversée par l'auteure et tous les maux qui l'accompagnent; solitude, peur, ennui voire abandon et éloignement de certains proches. J'ai ainsi été très touchée par le propos de cette bande dessinée dont je recommande vivement la lecture. Toutefois, les illustrations ont à quelques moments échoué à me transmettre ou me faire ressentir les différentes émotions de l'auteure. Si j'ai apprécié la simplicité du propos, j'aurais apprécié retrouver une certaine gravité du côté des illustrations. Leur légèreté ne m'a pas vraiment plu. Par contre, j'ai trouvé bien intéressante l’ajout de couleurs à certaines planches, alors que la grande partie de la bande dessinée est en noir et blanc, et l'utilisation de divers styles graphiques.

dimanche 21 juillet 2013

Stéphane Melchior-Durand et Benjamin Bachelier. Gatsby le magnifique.

Résumé
A Shanghai, Nick Carraway, jeune architecte, fait grâce à sa cousine Daisy Buchanan la connaissance du millionnaire Gatsby, célèbre pour le faste de ses fêtes. En se liant avec lui, Nick découvre le secret de son passé mais aussi son amour pour Daisy. James Gatz, fils de pauvres fermiers, quitte très tôt sa famille pour aller à la rencontre de son destin qu'il veut grandiose. Il rencontre dès lors un milliardaire qui le prend sous son aile et devient Jay Gatbsy. Malheureusement à la mort de son mentor et protecteur, Gatbsy se retrouve sans le sou. Il s'enrôle pour la guerre et rencontre Daisy, l'amour de sa vie mais à son retour elle a épousé Tom Buchanan. Gatbsy fera tout pour reconquérir Daisy et effacé les années de cette dernière avec Tom. Mais le passé ne s'efface pas. Gatsby meurt pour une faute qu'il n'a pas commis et ce, seul et abandonné de tous. 

Présentation  
Melchior-Durand, écrivain et scénariste français, a quelques bandes dessinées et dessins animés à son actif. S'il a travaillé à plusieurs projets en compagnie de Loïc Sécheresse, il a également déjà collaboré avec Benjamin Bachelier dans le cadre de la semaine Walk, don't walk de Les Autres Gens à titre de scénariste. Bachelier quant à lui, a illustré plusieurs bandes dessinées dont Dom Juan de Molière et Dimitri Bogrov. En 2006, il prend la relève à titre d'illustrateur pour la série Le leg de l'alchimiste.

Appréciation
La bande dessinée de Melchior-Durand et Bachelier propose une transposition du roman de F. Scott Fitzgerald dans la Chine du début du XXIe siècle. J'ai bien aimé cette adaptation de Gatsby le magnifique. Les illustrations y sont vraiment intéressantes. Tantôt floues tantôt claires, parfois colorées tantôt sombres, les illustrations de Bachelier réussissent à nous plonger de plein fouet dans cet environnement confus d'attentes, d'amour, de déception et de trahison. Le tout transposé dans un tout autre environnement, le Shanghai des années 2000, que celui du roman initial. Le lien est toutefois palpable entre ces deux environnements de fastes et de luxure. Comme le mentionne l'illustrateur, «Stéphane Melchior-Durand et moi voulions une atmosphère contemporaine. Il nous fallait donc trouver une ville aussi folle que New York dans les années 20, où de grandes fortunes peuvent se bâtir d'un coup. Et Shanghai s'est imposée» (Télérama, 2013).

mardi 9 juillet 2013

Réal Godbout. L'Amérique ou le disparu.

Résumé
Karl Rossmann est un jeune allemand de 16 ans qui doit quitter précipitamment pays, famille et amis pour l'Amérique après avoir déshonoré sa famille. En effet, il a un enfant né d'une aventure avec la cuisinière. Il prend donc un bateau à Hambourg en direction de New York. Dès lors il croise différents personnages, un oncle inconnu jusqu'alors qui le prend sous son aile, de riches millionnaires new-yorkais, des chômeurs à la recherche de travail, des compatriotes en exil, un écrivain, bref autant de personnages qui apporteront joies et misères au jeune Rossmann. À la recherche de travail, Rossmann sillonnera les États-Unis pour enfin se faire engager en tant que machiniste pour le théâtre de la nature d'Oklahoma tout en abandonnant sa véritable identité. Il part en train vers son nouveau destin, rempli d'espérance.

Présentation
Réal Godbout, célèbre bédéiste québécois s'est joint à la revue Croc dès le premier numéro. Il y a publié, en collaboration avec Pierre Fournier, la série Michel Risque d'où est issu le célèbre personnage Red Ketchup qui fera l'objet d'une autre série. Godbout a également créé une série de bandes dessinées pour la revue Les Débrouillards. Le bédéiste a songé à adapter L’Amérique en bande dessinée il y a plus de 35 ans, mais ce n'est que cette année que le projet s'est concrétisé avec la parution de L'Amérique ou le disparu chez La Pastèque.

Appréciation
Étant personnellement une grande admiratrice de l'oeuvre de Franz Kafka, je ne peux que m'émerveiller de l'adaptation de L'Amérique par Godbout. Le bédéiste est resté fidèle au récit de Kafka. Je dirais même plus, Godbout a réussi à recréer la même ambiance à la fois sombre, absurde mais aussi comique et cynique que l'on retrouve dans les romans de Kafka. Si j'ai beaucoup apprécié l'adaptation de La métamorphose de Corbeyran et Horne, dont je vous parlerai éventuellement dans un autre billet, j'ai trouvé l'adaptation de Godbout plus intéressante encore en ce sens qu'elle rend bien l'humour de Kafka que l'on laisse trop souvent de côté. 

dimanche 26 mai 2013

Scott Chantler. Deux Généraux.

Résumé
En mars 1943, le grand-père de l'auteur et son meilleur ami, tous deux officiers du Highland Light Infantry, sont envoyés outre-mer avec leur régiment. Quelques mois plus tard, ils prendront part à l'une des opérations militaires les plus marquantes de la Seconde Guerre mondiale: l'invasion de la Normandie par les Alliés.

Présentation
Si Deux Généraux est la première bande dessinée de Scott Chantler à être publiée chez La Pastèque, ce dernier a toutefois signé et contribué à plusieurs ouvrages dans la dernière décennie. Chantler a entre autres illustré Days Like This et Scandalous, en collaboration avec l'auteur J. Torres, avant de débuter sa carrière d'auteur-illustrateur de bande dessinée. Son premier ouvrage en solo, Northwest passage, a fait l'objet de nominations lors de la remise de prestigieux prix tels que les Eisner Awards, Harvey Awards, Joe Shuster Awards et Doug Wright Awards.

Appréciation
Je ne peux que partager l'avis de Simon Jodoin lorsque ce dernier dit au sujet de Deux Généraux: «Voici une oeuvre d’une valeur esthétique et documentaire indéniable où la maîtrise de la technique se marie avec l’émotion» (Voir, 2012). J'ai carrément adoré cette bande dessinée. Non seulement le propos, le débarquement en Normandie lors de la Deuxième Guerre mondiale, est-il intéressant, le récit qui en est fait est d'une telle profondeur que l'on se sent complètement immergée dans l'histoire. Chantler nous raconte aussi bien les moments forts et mémorables qu'ont connu le grand-père de l'auteur et son meilleur ami que leur quotidien, ordinaire et anodin. Enfin, les illustrations contribuent également à la beauté de l'oeuvre. Elles sont claires, vibrantes et précises. J'ai eu bien du mal à détourner les yeux de cet ouvrage de Chantler. Je vous le conseille ardemment!

lundi 22 avril 2013

Isabelle Arsenault et Fanny Britt. Jane, le renard et moi.

Résumé
Hélène est victime de harcèlement et d’intimidation à son école. On la trouve grosse et on ne se gène pas pour le lui dire haut et fort. Comme si cela n'était pas suffisant, elle est obligée de partir en colonie de vacances en compagnie de ses bourreaux. Elle trouve alors refuge dans le monde de Jane Eyre, le premier roman de Charlotte Brontë...

Présentation
Isabelle Arsenault et Fanny Britt ne se connaissent pas avant d'entreprendre conjointement ce projet. Isabelle Arsenault est une illustratrice originaire de Sept-Îles. Depuis 2004, elle a illustré plusieurs ouvrages  dont Le coeur de Monsieur Gauguin, My letter to the world, Migrant, Spork, Virginia Wolf et FourchonLe coeur de Monsieur Gauguin et  Virginia Wolf  lui ont valu le Prix Littéraire du Gouverneur Général et Fourchon, le Prix jeunesse des libraires du Québec. De son côté, Fanny Britt est particulièrement active sur la scène théâtrale québécoise depuis sa sortie de l'École nationale de théâtre. Elle est également traductrice et a réalisé quelques oeuvres jeunesse, dont les différentes aventures de Félicien, mais Jane, le renard et moi est sa première bande dessinée (Radio-Canada, 2012).

Appéciation
Dire que j'ai aimé Jane, le renard et moi serait faux. Je n'ai pas aimé, j'ai tout simplement adoré. Absolument rien ne m'a laissée indifférente dans cette bande dessinée. Les personnages, Hélène, le renard, les pas fines et les autres m'ont rapidement conquise. Les univers crées par Isabelle Arsenault, tantôt sombres tantôt colorés dépendamment de l'état d'âme de Hélène, m'ont tout de suite plu. J'ai également été touchée par le sujet, l'intimidation et la méchanceté chez les jeunes, et j'ai apprécié le fait que Hélène arrive à passer au travers de ce moment difficile grâce à la lecture. Fanny Britt cherche à démontrer dans cet ouvrage que l'on peut être hors-norme et heureuse ainsi que l'on peut trouver dans les arts et la littérature un bon remède à l'aridité du quotidien (La Presse, 2012). Enfin, j'ai été charmée par le dénouement de cette bande dessinée. Je la recommande fortement, et ce, peu importe l'âge.

lundi 15 avril 2013

Guy Delisle. Le guide du mauvais père; tome 1.

Résumé
Oublier le passage de la petite souris, traumatiser sa fille avec une terrifiante histoire d’arbre qui pousse dans l’estomac, dénicher des conseils peu avisés pour encourager fiston à taper plus fort sur le punching bag… Guy Delisle, un mauvais père ? Non, un auteur de bande dessinée qui sait puiser l’imagination là où elle se trouve.

Présentation
Guy Delisle a marqué le milieu de la bande dessinée au Québec. En 2008, il a remporté le Prix Albéric-Bourgeois pour sa bande dessinée Chroniques birmanes. Il a remporté le même prix en 2012 pour Chroniques de Jérusalem. Chroniques de Jérusalem a connu un succès étonnant pour une bande dessinée. En effet, l’ouvrage a fait l’objet de critiques à la radio et dans la plupart des sections littéraires des grands quotidiens. Il a même été nominé au combat des livres 2012 de Radio-Canada. Contrairement aux dernières oeuvres de Delisle, Chroniques de Jérusalem, Chroniques birmanes, Pyongyang, Shenzhen, ce n'est pas la découverte d'un nouvel environnement à travers les yeux de l'auteur qui nous est proposée cette fois. Le guide du mauvais père se concentre plutôt sur les aléas de la vie de famille de Delisle.

Appréciation
J'ai apprécié cette courte bande dessinée où l'on retrouve l'humour et l'autodérision de Delisle. C'est une lecture divertissante, mais je dois avouer que, contrairement à Chroniques birmanes ou Chroniques de Jérusalem, cette bande dessinée ne m'a pas particulièrement impressionnée.

Pascal Girard. Conventum.

Résumé
Pascal mène une petite vie tranquille à Québec jusqu'au jour où il reçoit une invitation pour une soirée de retrouvailles avec ses anciens camarades de classe. Il se sent bien loin de l'image de gagnant qu'il aimerait donner dans le cadre de cette rencontre.

Présentation
Originaire de Jonquière, Pascal Girard est un auteur et dessinateur très actif dans le milieu de bande dessinée. Conventum est son ouvrage le plus récent. En 2006, Girard a gagné le Prix Réal-Fillion au Festival de bande dessinée francophone de Québec pour la parution de ses deux premiers ouvrages; Nicolas et Dans un cruchon.

Appréciation 
Cette œuvre, qui fut qualifiée de « charnière » pour la carrière de Girard (Voir, 2011), m'a particulièrement plu. En effet, le sujet de cette bd peut selon moi toucher plusieurs lecteurs puisqu’elle relate une soirée de retrouvailles entre anciens collègues de classe. Qui n'a pas déjà ressenti de la nervosité, de l'angoisse ou de l'appréhension à l'idée d'une telle soirée? L’auteur a déjà abordé les thèmes de la timidité, de l'engagement et surtout du rapport à l'autre dans des ouvrages tels que Dans un cruchon et Jimmy et le Bigfoot, mais il le fait ici dans le cadre d’un retour à l’adolescence par le personnage principal et c’est cet élément qui ajoute une autre dimension à l’œuvre (Le Devoir, 2011). Avec ce récit d’autofiction, l’auteur adopte une « nouvelle liberté et un nouveau pensum» (Voir, 2011) qui je l'espère, permettra à Girard de nous livrer plusieurs autres oeuvres à dévorer!

vendredi 29 mars 2013

Pascal Colpron. Mon petit nombril.

Résumé
Suite de courts récits humoristiques publiés à l'origine sous la forme de blogs. Ils racontent les aventures de l'auteur, de sa femme et de leur encore toute petite fille. Dessin élégant, au trait économe.

Présentation
Pascal Colpron alimente depuis quelques années déjà le blog Mon petit nombril. Ce blog, qui figure d'ailleurs dans mes suggestions de blogs de bd, a conduit à la publication des planches de l’auteur dans une bande dessinée aussi intitulée Mon petit nombril.
Pascal (l’auteur en question) se présente ainsi que sa maisonnée (sa femme, sa fille et sa chatte), avec comme cadre les joies et les peines reliées au fait d’être nouvellement papa. Ancien amateur de jeux de rôles et de jeux vidéo, accro à l’ordinateur, il nous décrit avec un réalisme étonnant, tant dans son dessin précis que ses mises en situation, diverses histoires cocasses gravitant autour de la paternité. Je me suis surpris à reconnaître ma famille ainsi que moi-même dans ses aventures (Livresquebecois.com, 2012).

Appréciation
Il s’agit d’un excellent ouvrage à teneur autobiographique qui nous fait pénétrer dans l’univers un peu bordélique d’un jeune père de famille. Personnellement, j'ai adoré la manière dont Colpron nous relate des événements tout à fait ordinaires de la vie quotidienne d'une famille, mais ce, avec un humour complètement tordant. Mon petit nombril est le genre de bande dessinée à l'intérieur de laquelle il est si facile de se retrouver! Les dessins y sont également très intéressants. Cette bande dessinée a d'ailleurs remporté le prix Réal-Fillion 2010 pour un premier album professionnel. Je vous la conseille fortement.

mercredi 20 mars 2013

Michel Rabagliati. Paul au parc.

Résumé
Un septième volume où l'on retrouve Paul en 1970, donc avant «Paul à la campagne», jeune scout habitant un quartier populaire de Montréal. Un retour au passé plein de nostalgie, d'une grande puissance d'évocation.

Présentation
Né à Montréal, Michel Rabagliati est assurément l’un des auteurs de bandes dessinées les plus connus au Québec. Ses ouvrages sont traduits dans plusieurs langues, et son personnage clé, Paul, créé en 1999 est l’une des emblèmes du 9e art au Québec (Le Devoir, 2011). Inspirées de sa vie personnelle, les aventures de Paul abordent l’enfance, les premières amours, les hauts et les bas familiaux ainsi que la vie de parent du personnage (Le Devoir, 2011). Cinq des aventures de Paul ont gagné un Prix Bédéis Causa et quatre un Prix Bédélys. Rabagliati décrit Paul au parc comme « le journal d'un enfant, ni plus, ni moins. La tranche de vie d'un petit gars curieux qui se cherche. […] C'est ma façon de raconter d'où je viens, mais aussi de montrer tout ce que j'ai appris au contact de ces adultes dévoués qui s'investissaient beaucoup dans le mouvement [scout]» (Le Devoir, 2011). 

Appréciation
Non seulement cette aventure de Paul aborde-t-elle un moment historique marquant pour le Québec, l’effervescence des années 1970 et le Front de libération du Québec, mais elle illustre également la manière dont l’auteur devint créateur de bandes dessinées et aborde la recherche de soi à l’adolescence. J'ai tout simplement adoré Paul au parc! 

vendredi 8 mars 2013

Jimmy Beaulieu. Le temps des siestes.


Résumé
Le temps des siestes offre une occasion inédite de découvrir toute la sensibilité du créateur à travers une suite d’esquisses parfois osées, parfois touchantes, toujours uniques. Sélection de dessins accompagnés de légendes drôles et impertinentes, l’album continue le travail sur le désir entamé par Jimmy Beaulieu dans À la faveur de la nuit et Comédie sentimentale pornographique.

Présentation
Le temps des siestes est l’ouvrage le plus récent de Jimmy Beaulieu. Ce grand nom de la bande dessinée québécoise est né à l’île d’Orléans dans les années 1970. Il a publié Le moral des troupes qui a remporté le Prix Réal-Fillion (Prix Bédéis Causa) en 2005 et bien d’autres bandes dessinées. Depuis ses débuts, il a transformé le monde de la bande dessinée québécoise grâce à ses publications et à ses aptitudes pour découvrir de nouveaux talents québécois. Le temps des siestes s’inscrit tout à fait dans la lignée des parutions de l’auteur aux dessins plutôt osés voire selon certains, libidineux. En effet, ce roman graphique dépeint, à l’instar de Comédie sentimentale pornographique et À la faveur de la nuit, une atmosphère de désir. Dans Le temps des siestes, «Jimmy Beaulieu a recueilli quelques-uns de ses plus beaux croquis où « l’éternel féminin » s’exprime en toute liberté, en toute sexualité. Des fantasmes où l’auteur s’abandonne, comme dans le songe cotonneux d’une langoureuse sieste d’été » (ActuaBD, 2012). 

Appréciation
J'ai découvert Jimmy Beaulieu grâce à la bande dessinée Comédie sentimentale pornographique. Il ne m'en a pas pris davantage pour tomber sous le charme du travail de l'auteur. Ses ouvrages ont vraiment un caractère unique. Toutefois, je dois avouer avoir été un peu déçue par Le temps des siestes. J'étais consciente qu'il s'agissait d'une oeuvre quelque peu différente puisqu'elle avait été présentée comme un carnet de croquis et d'idées plutôt qu'une bande dessinée. Les dessins y sont toujours aussi intéressants, mais je ne suis pas tombée en amour. Il y manque un certain fil conducteur. Je n'ai pas refermé Le temps des siestes avec le même soupir de regret que cela soit déjà terminé qu'après avoir lu Comédie sentimentale pornographique, À la faveur de la nuit, Le moral des troupes ou Ma voisine en maillot.